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Les origines du populisme selon Hans Wansink

14 Nov

D’où vient le populisme ?  Pourquoi, au milieu des années 90 du siècle dernier, apparaissent en Europe divers mouvements que l’on peut qualifier de populisme ?

Il existe divers modèles qui tentent d’expliquer les origines du populisme.  Je vous présente aujourd’hui un modèle inspiré du livre de Hans Wansink, L’Héritage de Pim Fortuyn.  C’est un modèle qui contient quatre explications comme vous le montre la carte heuristique ci-dessous :

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La première explication est celle de l’électeur manipulé : il est sous l’influence d’un leader charismatique.  C’est l’ère de la médiacratie : les hommes de médias, ceux qui sont experts en utilisation de la télévision ou de la radio, l’emportent sur les autres.  C’est la théorie de « l’homme des masses » du philosophe espagnol Ortega y Gasset.  Paradoxalement, les intellectuels de gauche en viennent à mépriser la culture populaire et se coupent du public.

Ensuite, vient la théorie de l’électeur calculateur : ce dernier explore le marché électoral pour voir ce qu’il peut y acheter, ce qui correspond le mieux à ses priorités politiques. Cela peut-être le chômage mais aussi le problèmes des embouteillages sur les autoroutes…  Il est donc indépendant des partis politiques et très critiques à leur égard.  Il n’est pas fidèle à un parti ou un mouvement : si celui-ci ne lui offre pas ce qu’il désire, il va voir ailleurs.  Le produit politique proposé doit être extérieur aux institutions existantes et proposer une alternative aux partis traditionnels.

La troisième est celle de l‘électeur non-reconnu : électeur, il ne se sent membre d’aucun parti.  Travailleur, il se sent exclu du marché du travail par la mondialisation. Contribuable, il a l’impression de payer beaucoup de taxes pour recevoir peu de l’état en échange.  Bref, une cible idéale pour tous les partis qui présentent une « solution alternative ».

Et enfin, la quatrième explication, est celle de l’électeur méfiant : il y a un conflit de valeurs entre les politiciens et leurs électeurs.  Les partis et mouvements populistes en profitent pour se positionner comme opposition à l’ordre établi : c’est la « clique de La Haye » dans les discours de Geert Wilders ou la « Rome grosse voleuse » d’Umberto Bossi, de la Ligue du Nord.   Les populistes exploitent cette opposition entre insiders – ceux qui sont bien intégrés, occupent des positions favorables – et les outsiders – les laissés pour compte, ceux qui se sentent de plus en plus menacés par la modernité.

Hans Wansink – dans son livre qui date de 2004 – estime que c’est surtout cette dernière explication qui prévaut dans la situation des Pays-Bas.  Mais je crois qu’on peut considérer que, dans tout phénomène d’apparition du populisme, il se trouve des éléments des quatres explications.  Sans doute dans des proportions variables selon les circonstances locales.

Et vous ?  Qu’en pensez-vous ?

D’après Hans Wansink, De Erfenis van Pim Fortuyn, De Nederlandse democratie na de opstand van de kiezers, Amsterdam, Meulenhoff, 2004, 351 p.

 
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Publié par le 14/11/2011 dans Théorie

 

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